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Les Mythes et la Vérité | Міфи і правда

SANS UKRAINE - PAS de Russie !

SANS UKRAINE, PAS D’EUROPE !

Notre Ukraine vit, en ce moment, un des paroxysmes du malheur qui l'accable depuis 350 ans.

Pour en parler, je voudrais rappeler une citation d'Albert Camus :

"Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde"

Je vais tenter de vous expliquer comment.

Nous, les ukrainiens de la diaspora, nous vivons entre deux mondes, surtout pendant cette période si difficile.

Chaque ukrainien de la diaspora vit la guerre des russes contre l'Ukraine comme une blessure, rien ne qu'a l'idée de l'horreur qui s'abat sur notre terre ancestrale et des massacres de notre peuple déjà tant meurtri par le passé.

Personnellement, j'ai vécu une moitié de ma vie en Ukraine et l'autre moitié en France.
J'ai donc deux Patries : l'Ukraine et la France.
Elles me sont proches au même titre.

Mais qui sommes-nous, donc ?

Les Ukrainiens, c'est un peuple ayant un sens inné de la liberté.

La liberté est inscrite dans les gènes
qui nous été transmis par nos parents et nos grands-parents.

Nous avons une volonté farouche de défendre ce que nous sommes.

Car nous sommes un peuple ayant de très anciennes institutions démocratiques.

Nous sommes les descendants de ceux qui ont conçu la première Constitution rédigé par Pylyp Orlyk en 1710.

Constitution de Pylyp Orlyk

Constitution de Pylyp Orlyk de 1710, exposée à la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev pour le 30e anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine en 2021.

la Constitution de Pylyp Orlyk, également connue sous le nom de Constitution de Bendery est un document constitutionnel de 1710 rédigé par l'Hetman des Cosaques d'Ukraine, Pylyp Orlyk.

Elle établit le principe de la séparation des pouvoirs dans le gouvernement entre les branches législative, exécutive et judiciaire bien avant la publication de l'Esprit des lois de Montesquieu (1748).

Le document limite le pouvoir exécutif de l'Hetman et établit un Parlement Cosaque appelé la Rada générale.


[Wikipedia]

Ceci est notre carte de visite.

Mais elle n'est pas encore complète.
Car il s'est passé des choses avant 1710.
Qu'était-ce, donc ?

Moi, en tant qu'amateur, surtout en présence des grands maitres historiens professionnels dans le domaine, je vais vous épargner des longs récits, des copier-coller d'encyclopédies.

Mais je vais vous soumettre ma propre vision, ma perception de l'histoire de mon pays.

Et pour cela, je me suis mise à dessiner un arbre pour visualiser le temps car les réponses à nos problèmes actuels ne peuvent être trouvées que dans le passé.

arbre de nos histoires

Dessin : Victoria ATAMANENKO

D'ailleurs, en parlant des problèmes, cela serait bien de les définir.
En fait nous en avons un problème principal et ses innombrables dérivés.

Problème principal – c'est le pays voisin.

Mon beau pays, l'Ukraine, vit depuis des siècles dans l'ombre d'un pays voisin, la Russie, ce qui fait que la vie est façonnée par ce malheur, qu'est l'impérialisme russe.

Mais ce n'est pas ça le pire.

Le pire, c'est le phénomène d'appropriation de l'histoire de notre pays par la Russie.

La Russie se prétend propriétaire d'un héritage historique qui appartient à l'Ukraine.

Pour ce faire, ils ont pondu une histoire falsifiée.

Ils se sont lancés dans la réécriture de la vraie histoire, en voyageant dans les siècles, et en manipulant les concepts, les événements, les noms des souverains et les noms de pays.

Au 18-eme siècle, à travers cette histoire falsifiée, ils ont voulu convaincre le Monde que le tsarat de Moscou, puis l'Empire Russe sont partie intégrante de l'histoire de la Rus’ de Kyïv (ou Ruthénie Kyïvienne).

Ils ont imposé différents concepts révisionnistes et multiplé les mythes :

Mythe n°1 : Le concept des "différentes Russies"

La mystification des moskovites consistait à dire qu’il y avait un État Rus’ qui a surgi lorsque Rurik est arrivé à Novgorod.

Ensuite, en partant de Novgorod, Oleg et Igor sont arrivées à Kyïv où ils ont déplacé leur capitale.

Tout ça, pour dire que selon les moscovites il y aurait eu :

une Russie de Novgorod,
puis une Russie de Kyïv,
puis une Russie de Vladimir,
puis une Russie de Zalesye (Зале́сье),
puis une Russie de Moscou,
etc…

Toutes ces différentes Russies, tous ces voyages à travers des siècles avaient pour but de faire oublier l'essentiel, le fait que c’est bien Kyïv qui était la capitale de La Rus’ de Kyïv.

Cependant un grand problème n'a jamais été résolu –
Kyïv ne leurs jamais appartenu !!!

Ils l’ont pillée, ils l’ont saccagé, l’ont incendié, mais ils ne l’ont jamais possédé.

Du coup, un autre mythe vu le jour…

Mythe n°2 : Novgorod, la capitale de La Rus’

Pendant un certain temps, les créateurs de l’histoire à Moscou et à Saint Pétersbourg voulaient faire passer Novgorod pour la capitale de La Rus’
et surtout la ville qui a donné la naissance à La Rus’.

Mais au 20-eme siècle les archéologues ont prouvé que Novgorod est une ville beaucoup trop jeune pour ça.

Elle ne compte que 930-940 années, alors que Kyïv en compte 1500.

Cette tentative de truquer l’histoire a donc aussi échoué.

Toujours les mêmes créateurs de l’histoire
ont aussi tenté de trouver une autre ville ancienne.

Ils ont cherché près du lac Ladoga où existaient des varègues dans les temps anciens.

Mais, en vain, également.

Ce mythe échoué, - on va vers un autre mythe…

Mythe n°3 : La manipulation des terminologies

Les moscovites ont développé une autre manipulation – celle de la terminologie.

Selon eux, il y avait une "Vieille Russie".
Dans ce concept de Vieille Russie, on ne se préoccupe même plus de Kyïv, ou de Novgorod.
C'est oublié. Vieille Russie, et c'est tout.
Puis, de cette même Vieille Russie on fait surgir une Nouvelle Russie qui est le Tsarat de Moscou, puis l'Imperia Russe, puis l'URSS, puis la Fédération de Russie.

Les Moscovites ne se soucient pas de la véracité des faits.
Ils créeront une théorie hyper simpliste, sans se soucier de tout cette complexité historique.

Alors que déjà, au 12-eme siècle, on savait qu'existait le peuple ruthène (peuple de la Rus’ de Kiev ou Ruthènie) et pas un autre, ils apprennent aux enfants, à l'école, qu'il avait une "Vieille Russie" et un peuple "vieux-russe"...

De ce peuple "vieux-russe" (древнерусские - "drevnerusskiye") était dérivé le peuple russe.
Ce même peuple russe donnerait, selon eux, aussi naissance au peuple ukrainien, puis au peuple biélorusse.

Le terme officiel pour nommer les habitants de la Fédération de Russie aujourd'hui est "россияне" - translittération : "rossiyane". On peut le traduire en français par russien".

Boris Eltsyn commençait d'ailleurs ses discours par « Дорогие россияне / Chers russiens ! ».

En effet, il permet de regrouper tout un ensemble de peuples différents sous la même bannière et de créer l'illusion d'une unité nationale. Tout ceci pour maintenir les acquis de la Russie impériale puis soviétique et assoir sa domination ces peuples.
Russien / rossiyane était déjà devenue une norme obligatoire dès l'époque soviétique.

Ce mot "politiquement correct" contemporain était pourtant déjà considéré comme « artificiel et grandiloquent, devenant obsolète » par le dictionnaire de Brockhaus et Efron à la fin du 19ème siècle pendant la Russie impériale.

Artificiel et obsolète ? Quoi de plus normal…

Au 17e siècle, « russien / rossiyane » était une version littéraire plus solennelle de « rusyns » terme qui avait lui-même avait remplacé le terme «Rus’ / Русь » en référence à la Rus’ de Kiev, Royaume anéanti par les invasions mongoles au 13e siècle.

Pour beaucoup d’historiens, le nom « Rus’ » n’était pas l’ethnonyme porté par tous les habitants de la de ce royaume qui fut gigantesque à son apogée. Tout comme en Europe occidentale, sous l’empire Caroligien (Charlemagne), tous les habitants ne s’appelaient pas « francs »…

Pour un novgorodien, la « Rus’» signifiait la terre de Kiev… Contrairement aux habitants du sud de la Rus’, qui s'appelaient les rusyns, les novgorodiens s'appelaient eux-mêmes les « slovènes / словенами » et parlaient une langue différente.

Toujours selon les révisionnistes moscovites, ces 3 peuples (peuple russe, peuple ukrainien et peuple biélorusse) se sont réunis en un seule peuple en 1654 lors de Rada de Pereyaslav.

La Rada de Pereyaslav

Cette théorie est d’autant, plus fausse que si B. Khmelnitcky avait signé ces accords, c'était juste pour stopper la guerre. Elle durait depuis 6 ans déjà. Elle épuisait le pays, qui avait juste besoin de souffler.

A l’époque il ne souhaitait pas pérenniser ces accords, car en parallèle il avait commencé construire une union avec la Suisse.

Mais c’est tout de même la signature des accords de la Rada de Pereyaslav qui a donné naissance au mythe moscovite de deux peuples unis en un seul peuple depuis 1654. Et ce, jusqu’en 1917.

La Rada de Pereyslav

La Rada de Pereyaslav (tableau : Hmelko Naveki, 1951)

Leur perversité innée ne leurs permettait pas de comprendre que les Ukrainiens sont une nation d’État et de Droit.
Et de ce fait, les Ukrainiens ne peuvent en aucun cas avoir pour frère un état de seigneurs et des esclaves.

Cette même perversité ne leur permettait pas d'admettre que tous leurs concepts truqués et leur histoire falsifiée ne sont pas en mesure de cacher la Vraie Histoire.

Cette histoire vraie, nous prouve que Kyïv a réussit rapidement à devenir le centre du plus important et du plus puissant État d'Europe, la Rus’ kiévienne.

Il a, donc, existé du milieu du 9-eme au milieu du 13-eme siècle le puissant État de la Rus’ kiévienne dont Kyïv était le centre. Puis cet État de la Rus’ kiévienne s'est désagrégé en une multitude de principautés, dont une (Souzdal) a donné naissance au Tsarat de Moscou.

Mythe n°4 : Le Pan-Slavisme

En 1917 l'Ukraine déclare son indépendance. Les moscovites créeront l'URSS et commenceront à parler de peuple slave et de pan-slavisme

Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l'identité commune que partagent les différents peuples slaves (Polonais, Tchèques, Slovaques, Slovènes, Croates, Serbes, Monténégrins, Bosniaques, Gorans, Macédoniens, Bulgares, Pomaks, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Cachoubes…)

[Wikipedia]

L’idée s’est développée durant la 2-eme Guerre Mondiale.
On disait que le peuple slave combattait les Fachistes.
Mais, il s’avérait que parmi tous ces peuples slaves, dit aussi les peuples frères,
il y en avait un qui était le peuple principal.
De ce fait les Moscovites se nomment "les Principaux Slaves", c'est-à-dire le "Grand Frère" (Big Brother).

Une fois de plus, ce schéma simpliste, complétement farfelu est créé et ne dérange visiblement personne en Russie (y compris dans les milieux académiques).

"De toutes les vérités,
        ce qui m'est plus cher,
            c'est le mensonge qui nous glorifie"

[Alexandre Pouchkine]

Bien entendu tous ces mythes concernant le "Peuple-Frère" sont réduits en poussière par :

la Terreur Rouge,
la Dékoulakisation (раскулачивание),
la Renaissance Fusillée (assassinat des élites ukrainienne) ,
le Holodomor - un génocide du peuple qui va rayer de la planète six millions d’ukrainiens,
l’extermination de l’UPA dans le GOULAG,
la destruction des mouvements de dissidents,
la destruction planifié de l’indépendance ukrainienne…

Malgré tout, nous avons survécu.

Mémorial Holodomor Kiev

Le mémorial en hommage aux victimes de l'Holodomor, à Kiev, en Ukraine. (photo : Joern Pollex)

Ще не вмерла України і слава, і воля

Ni la gloire ni la liberté ne sont mortes en Ukraine.

Qu’est donc l’Ukraine dans tout ça ?

Vous allez me demander ce que faisaient les ukrainiens pendant que leurs voisins se livraient à toutes ces falsifications de l'histoire et jouaient avec l’écriture des noms et la prononciation.

Et bien, dans le même temps,

l'Ukraine vivait une histoire différente, sa propre histoire.

Partant de la culture des Trypiliens, les états se transformaient :

en Antes
en Union des Dulibs
en Rus’ de Kiev
en La principauté de Galicie-Volhynie
en La principauté de la Lituanie et la Rusy
en La principauté de Ostrogski
en Hetmantchyna de Khmelnitcky
en État de cosaque de Dorochenko
en État de Mazepa et Orlyk
en La principauté (ou royaume) de Galicie et Volodymyr
en UNR et État Ukrainien
en UPA
en État Ukrainien (UNR) en exil
et en État Ukrainien.

Ça – c’est notre histoire. Belle, Tragique, Glorieuse !

La VRAIE !!!

Symbole UNR

Affiche de Bohush Shippikh, créée après l'annonce de la 3e Déclaration universelle de la République Populaire Ukrainienne à la fin de 1917. On y voit au fond l'aigle bicéphale de la Russie impériale.

Conclusion

Alors, pourquoi toutes ces paroles ont été prononcées ?
Quelle conclusion pourrions-nous faire ?

Mon esprit cartésien ne me permet pas de supposer qu’une équation faite de composants identiques puisse donner un résultat diffèrent.

Depuis des siècles, la Russie reproduit le même modèle impérialiste ayant pour levier le mensonge, la manipulation, la peur, la terreur, le chantage…

Les Russes mettent au pouvoir des tyrans, aussitôt remplacés par des dictateurs et vice-versa.
L’ancienneté de ce fonctionnement ne laisse pas beaucoup d'espoir de changement.

Ce système moscovite se reproduit, parce qu’il répond à la demande interne de la société.

Les russes, ils n’ont eu que de rares moments d’occidentalisme à travers l’histoire du tsarisme.

Ces rares moments européens, - ils les ont détruits à travers la révolution bolchévique.

Et ils les ont réduits en cendres à travers des massacres insensés.

C’est un peuple qui a définitivement tourné le dos aux valeurs de l’universalisme humain.


Pourtant ils ont bien compris qu’ils ne sont rien sans l’Ukraine.

Et ils ont fait toutes ces culbutes historiques, tous ces efforts pour s’approprier l’histoire de la La Rus’ de Kyïv.

Car sans l’Ukraine et ses racines millénaires, la Russie n’existe pas !!!

Pour exister de façon pérenne la Russie a besoin
de s’emparer, d'usurper l’héritage historique ukrainien !

C’est pourquoi le combat entre l’Ukraine et la Russie est EXISTENTIEL !

Il dure depuis près de 900 ans.
A l’issue de ce combat, - s'il ne restait qu’un pays,
ce serait sans doute l’Ukraine.

Cher ami français, j’ai dit tout ça pour vous montrer que l’Ukraine est le berceau de l’Europe, c’est le noyau de notre civilisation européenne.

Sans la reconnaissance de l’Ukraine à part entière, il ne sera jamais possible de construire une Europe conforme à ses valeurs.

Victoria ATAMANENKO
Vice-Présidente de TRYZUB